Le repos et la compassion
Les apôtres, de retour de leur mission, se rassemblent autour de Jésus et lui racontent ce qu’ils ont fait ; il leur dit alors : « Venez vous-mêmes à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu ». Mais les gens comprennent leurs mouvements et, lorsqu’ils descendent de la barque, Jésus trouve la foule qui l’attend, il est saisi de compassion et commence à enseigner.
Il y a donc, d’une part, l’invitation au repos et, d’autre part, la compassion de Jésus pour la foule. Ce sont deux choses apparemment inconciliables, l’invitation à se reposer et la compassion, et pourtant elles vont ensemble.
Jésus se préoccupe de la fatigue des disciples. Peut-être saisit-il un danger qui peut aussi affecter notre vie et notre apostolat, lorsque, par exemple, l’enthousiasme dans l’accomplissement de la mission, ou le travail, ainsi que le rôle et les tâches qui nous sont confiés, nous rendent victimes de l’activisme, et cela est une mauvaise chose : trop préoccupés par les choses à faire et trop préoccupés par les résultats. Il arrive alors que l’on s’agite et que l’on perde de vue l’essentiel, au risque d’épuiser nos énergies et de tomber dans la fatigue du corps et de l’esprit. C’est un avertissement important pour notre vie, pour notre société souvent prisonnière de la précipitation, mais aussi pour l’Église et pour le service pastoral : prenons garde à la dictature du faire ! Et cela peut arriver par nécessité également dans les familles, lorsque par exemple, pour gagner de quoi vivre, le père est contraint de s’absenter pour travailler, devant ainsi sacrifier le temps à consacrer à la famille. Ils sortent souvent tôt le matin, quand les enfants dorment encore, et reviennent tard le soir, quand ils sont déjà au lit. Et cela est une injustice sociale. Dans les familles, le père et la mère devraient avoir le temps de partager des moments avec leurs enfants, pour faire croître cet amour familial et ne pas tomber dans la dictature du faire.
Dans le même temps, le repos proposé par Jésus n’est pas une fuite du monde, une retraite dans le bien-être personnel ; au contraire, face aux personnes perdues, il éprouve de la compassion. Nous apprenons alors de l’Évangile que ces deux réalités sont liées : ce n’est que si nous apprenons à nous reposer que nous pourrons avoir de la compassion. En effet, il n’est possible d’avoir un regard de compassion, qui sait saisir les besoins de l’autre, que si notre cœur n’est pas consumé par l’angoisse de faire, si nous savons nous arrêter et, dans le silence de l’adoration, recevoir la Grâce de Dieu.
Pape François, Angélus du 24 juillet 2024