Disciple de Jésus

Au centre de l’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui se trouvent les Béatitudes (cf. Lc 6, 20-23). Il est intéressant de noter que Jésus, bien qu’entouré d’une grande foule, les proclame en s’adressant « à ses disciples ». Il parle aux disciples. Les Béatitudes, en effet, définissent l’identité du disciple de Jésus. Elles peuvent sembler étranges, presque incompréhensibles pour ceux qui ne sont pas disciples. Tandis que, si nous nous demandons à quoi ressemble un disciple de Jésus, la réponse est précisément les Béatitudes. Voyons la première Béatitude, qui est la base de toutes les autres : «Heureux vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous». Jésus dit deux choses de ses disciples : qu’ils sont bienheureux et qu’ils sont pauvres ; bien plus, qu’ils sont bienheureux parce qu’ils sont pauvres.

Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que le disciple de Jésus ne trouve pas sa joie dans l’argent, dans le pouvoir ou dans d’autres biens matériels, mais dans des dons qu’il reçoit chaque jour de Dieu : la vie, la création, ses frères et ses soeurs, etc. Ce sont des dons de la vie. Et même les biens qu’il possède, il est heureux de les partager, car il vit dans la logique de Dieu. Et quelle est la logique de Dieu ? La gratuité. Le disciple a appris à vivre dans la gratuité. Cette pauvreté est aussi une attitude face au sens de la vie, parce que le disciple de Jésus ne pense pas la posséder, de tout savoir déjà, mais il sait qu’il doit apprendre chaque jour. Et cela est une pauvreté : la conscience de devoir apprendre chaque jour. Parce qu’il a cette attitude, le disciple de Jésus est une personne humble, ouverte, libre des préjugés et des rigidités.

Celui qui est trop attaché à ses propres idées, à ses propres sécurités suit Jésus avec difficulté. Il le suit un peu, uniquement dans les choses pour lesquelles « je suis d’accord avec Lui et Lui est d’accord avec moi », mais ensuite, pour le reste, il ne le suit pas. Et celui-ci n’est pas un vrai disciple. Et ainsi, il tombe dans la tristesse. Il devient triste parce qu’il n’y trouve pas son compte, parce que la réalité échappe à ses schémas mentaux et il est insatisfait. Par contre, le disciple sait se remettre en question, il sait chercher Dieu humblement chaque jour, et cela lui permet de plonger dans la réalité, d’en saisir la richesse et la complexité.

On peut alors se demander : ai-je la disponibilité du disciple ? Est-ce que je me laisse « ébranler intérieurement » par le paradoxe des Béatitudes ou est-ce que je reste dans le périmètre de mes idées ? Et puis, avec la logique des Béatitudes, au-delà des épreuves et des difficultés, est-ce que je ressens la joie de suivre Jésus ? C’est le trait saillant du disciple : la joie du coeur.

Pape François, Angélus du 13 février 2022