Lettre pastorale de Mgr Laurent Ulrich (2) : une recherche spirituelle
Nous connaissons le conseil évangélique que nous rapporte l’évangéliste saint Luc : « Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !”
Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix. Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »
Nous n’avons plus à proprement parler de tour à construire ! Notre-Dame nous a été heureusement rendue. Mais il fallait d’abord et surtout la rendre disponible à la prière et aussi à la visite sans la laisser devenir un musée, une œuvre du passé. Nous avons encore certainement à chercher comment douze millions de visiteurs annuels peuvent être touchés par la signification spirituelle de cet édifice où se célèbre le mystère d’un Dieu qui aime tout homme, et du Fils de Dieu venu pour le Salut de tous. Nous comprenons que Notre-Dame est, en notre monde, un de ces lieux privilégiés pour la rencontre avec le Seigneur vivant.
Nous n’avons pas de guerre à mener ; mais ce qui nous demande de nous asseoir aujourd’hui, c’est la façon dont notre Église à Paris demeure fidèle à sa tâche d’annoncer l’Évangile au milieu d’une société inquiète et dispersée. Cette situation ne doit pas nous affoler, elle est de tout temps, elle est clairement rapportée dans l’Évangile : « En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. » Jésus prend soin de son peuple en l’enseignant et il continue de le faire en le nourrissant ; il commence en le faisant asseoir paisiblement pour que chacun puisse recevoir ses bienfaits. C’est bien ce que nous avons à faire : permettre à chacun de trouver place et de vivre une fraternité autour de Lui. Quand je dis chacun, je pense à ceux qui sont déjà rassemblés et intégrés dans l’Église, les fidèles, mais aussi à ceux qui désirent s’en approcher pour entendre le Christ : ce sont les catéchumènes et les nouveaux baptisés, ceux que l’on appelle néophytes, d’un mot grec qui signifie nouvelle pousse !
